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Manifeste des chômeurs heureux

Collectif

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« Chômage » est un mauvais mot, une idée négative, le revers de la médaille du travail. Un chômeur n’est qu’un travailleur sans travail. Ce qui ne dit rien de la personne comme poète, comme flâneur, comme chercheur, comme respirateur. En public, on n’a le droit de parler que du manque de travail. Ce n’est qu’en privé, à l’abri des journalistes, sociologues et autres renifle-merde que l’on se permet de dire ce qu’on a sur le cœur : « Je viens d’être licencié, super ! » « Enfin je vais pouvoir faire la fête tous les soirs, bouffer autre chose que du micro-ondes, câliner sans limites. » Car tous les chômeurs disposent en tout cas d’une chose inestimable : du temps. Voilà qui pourrait constituer une chance historique, la possibilité de mener une vie pleine de sens, de joie et de raison. On peut définir notre but comme une reconquête du temps. Nous sommes donc tout sauf inactifs, alors que la soi-disant « population active » ne peut qu’obéir passivement au destin et aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques. Et c’est bien parce que nous sommes actifs que nous n’avons pas le temps de travailler.

Manifeste poétique et ovni politique se situant dans la tradition du Droit à la paresse (Paul Lafargue) et du mouvement situationniste, le « rapport d’inactivité n°1 » rédigé par un trio de chômeurs berlinois et débattu pour la première fois en public en août 1996, fut qualifié de « Manifeste des chômeurs heureux » (Glückliche Arbeitlose). Il eut un retentissement considérable au cours des années 1997-2002.
Refusant de « mourir au chagrin » pour enrichir une batterie d’exploiteurs, les Chômeurs heureux choisirent le faire contre le travail ; la vie contre la survie ; l’humain contre le capital.
Quelque quinze ans après, alors que les failles dans le capital se multiplient en un vaste processus de négation-création, il est temps de réanimer la geste subversive des Chômeurs heureux : « Nous ne perdrons pas notre vie à la gagner. Nous sommes la crise et nous en sommes fiers. »

Il y a trois siècles, les croquants levaient les yeux avec envie vers le château du seigneur ; c’est avec raison qu’ils se sentaient exclus de ses richesses, ses nobles loisirs, ses artistes de cour et courtisanes. Mais qui aujourd’hui voudrait vivre comme un cadre sup stressé, qui aurait envie de se bourrer le crâne de ses rangées de chiffres sans esprit, de baiser ses secrétaires blondasses, de boire son bordeaux falsifié, de crever de son infarctus ?